Réfutations de la théologie africaine de la libération.
Réfutations de la théologie africaine de la libération.

Réfutations de la théologie africaine de la libération.

Réfutations de la Théologie Africaine de la Libération.                                                                           

Par : Lévi KASONGO EJIBA : Séminariste étudiant en Théologie, né le 20 Septembre 2.000. Auteur d’un Livre et articles. Chercheur en Ecclésiologie et Psychothérapie. Membre de Veritate Fideles. Influencé par : Thomas d’Aquin, Scott HAHN, Léon XIII, Jean-Paul II, Hildegarde de Bingen, Benoit XVI, Robert Sarah, Antoine de Padoue, Bernard de Clairvaux, Ignace de Loyola, Marian Rojas…

/

O. INTRODUCTION

Profondément convaincu, comme Saint Thomas d’Aquin, que « toute vérité, quel que soit celui qui la dit vient de l’Esprit-Saint »[1], de même que l’antonyme de la vérité est le mensonge ; c’est pourquoi Saint Paul dira à Timothée : ‘‘Veille sur toi et sur ta doctrine avec attention, car en agissant ainsi tu te sauveras toi-même et tu sauveras tes auditeurs’’ (1Tim. 4 : 16). Je viens humblement avec la méthode critique, parler  dans cet article de la ‘‘théologie africaine de la libération’’, conscient qu’une juste critique de ce courant de théologie ne nie pas les graves injustices que vivent les peuples africains.

 Il faut dorénavant rappeler, que les documents Libertatis Nuntius (1984), Libertatis Conscientia (1986) publiés par le cardinal Joseph RATZINGER  donnent les points positifs et dénoncent les graves erreurs de la théologie de la libération. La théologie africaine a selon moi deux courants (pour certains quatre) principaux: le courant de l’inculturation et celui de la libération (auquel je m’oppose) qui a pour pionnier intellectuel le théologien camerounais Jean-Marc ELA qui affirme : « Il ne faut pas beaucoup de prodiges, écrit-il, pour se rendre compte de l’urgence humaine et chrétienne du problème de fond que l’Afrique pose à l’ Église : désoccidentaliser l’ Église, l’affranchir d’une certaine tutelle, de certaines connexions avec des modes de pensée, d’être, de s’exprimer typiquement occidentaux »[2]. Cette citation assume à mon humble avis l’analyse marxiste de la réalité et de ses principes. Ainsi, tout en restant momentanément neutre sur le courant de l’inculturation et sans ignorer le rapport entre Religion et Culture, je fais miennes ces paroles de R. Sarah : « Je suis africain, permettez-moi de le dire clairement : la liturgie n’est pas un lieu pour promouvoir ma culture. Plus bien, c’est le lieu où s’était baptisée ma culture ; où elle s’absorbe dans le divin »[3]. Cette pensée n’exclut absolument pas le rapport entre Religion et Culture mais elle met l’accent sur la Lex Orandi et la Lex Credendi ; d’ailleurs dans l’antiquité, Saint Augustin s’était exprimé de mode analogue quand il écrivait à Vital, un partisan du pélagianisme : « Ipsa igitur oratio clarissima est gratiae testificatio »[4].

 En plus de cette  introduction et des conclusions, cet article a trois parties secondaires : la première présente la théologie africaine dans son courant libéral et la deuxième donne brièvement les interventions magistrales de l’Eglise face à la théologie de la libération, en dénonçant les dangers de cette ‘‘théologie africaine de la libération’’,  qui met en difficultés non seulement la Christologie , mais aussi l’Ecclésiologie; la troisième partie dénonce et réfute les erreurs de ce courant libéral de la théologie africaine. Comme écrit  le théologien congolais Ngindu Mushete, pour certains, l’existence du pluralisme en Théologie est normale et ne crée pas des problèmes. Elle est même, dit-il,  inhérente au catholicisme. Pour d’autres, néanmoins, le problème de pluralisme crée des malentendus et réserves, et pourrait menacer l’unité et l’harmonie de la Révélation.

I. THÉOLOGIE AFRICAINE DE LA LIBÉRATION

Dans son livre, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, J.- M. ELA s’interroge: « que signifie Dieu pour les gens qui sont dans des situations de pauvreté, de sécheresse et de famine, d’injustice et d’oppression ? En d’autres termes, à quelles conditions le discours sur le Dieu de Jésus-Christ est-il crédible aujourd’hui pour le peuple d’Afrique »[5] ; la ‘‘théologie africaine de la libération’’ dans son essence est un courant qui cherche la promotion humaine dans le contexte de la pauvreté; elle est avant tout un résultat de la prise de conscience (tardive ?) qui met un accent excessif sur l’action en faveur des pauvres. Je dis un accent excessif car cet appel à la priorité excessive aux pauvres sur le plan matériel et économique réduit l’Évangile du Christ à quelque chose de purement humain et temporel. Ceci se montre dans la revendication, sans appel de l’identité culturelle africaine qui va jusqu’à réduire tout l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ à une lutte des classes pour une vie temporelle (et la vie éternelle ?).

Pour ce courant de la ‘‘théologie africaine de la libération’’, l’Évangile du Christ tient un message libérateur pour les noirs africains dans leur état de pauvreté extrême due à l’incapacité et à l’égoïsme des dirigeants politiques et des puissances occidentales, chinoises, nord-américaines et russes (communistes et capitalistes). Cependant, l’expression ‘‘théologie africaine de Libération’’ a eu lieu dans un contexte semblable à celui de l’Amérique latine et a été très reconnue surtout dans les années 1970, juste après la Conférence des Théologiens du tiers-monde, en Tanzanie. La théologie de libération africaine est un courant construit sur une conception dynamique du salut. Une théologie dans laquelle l’homme, dans sa relation avec Dieu est perçu dans sa totalité : la libération sociale de l’homme est vue comme partie pilote de sa libération eschatologique.  J.-M. Ela (Cameroun), John Mutiso-Mbinda (Kenya), Albert Nolan (Afrique du Sud) … sont avec beaucoup d’autres, les noms les plus représentatifs de ce courant.[6] Ce courant de la théologie africaine d’après la vue de certains penseurs africains s’est centré excessivement dans les valeurs culturelles, anachroniques qui ne servent qu’à consolider le pouvoir d’un ou autre dictateur africain; c’est le cas par  exemple de Mobutu, dictateur africain de la R.D.CONGO  (Zaïre) avec l’idéologie de l’authenticité.

La théologie africaine de la libération, telle que développée par le théologien camerounais J.-M. Ela, signalons le, a un fondement biblique lorsque par exemple nous faisons recours au récit de l’exode comme premier fondement d’une ecclésiologie libératrice ; à ce sujet, Ndongala Maduku écrit : « Repenser la théologie africaine de la libération. Le Dieu qui libère » : « Il s’agit pour ces hommes et ces femmes de relire le message de la Bible à partir du contexte où ils vivent… L’essentiel de ce qui se met en route, c’est la prise en compte du contexte d’oppression et d’injustice où s’invente une manière de lire la Bible en tant que message de libération pour les opprimés… c’est en Afrique seulement que les noirs convertis au christianisme posent la question du salut des peuples noirs en décorant que si la Bible est bonne nouvelle du salut, il faut la lire non plus avec les yeux des oppresseurs, mais à partir de la situation dans laquelle ils se trouvent »[7]. Mais la grave erreur ici est de condamner la foi catholique à une fidélité à l’histoire, condamner la vertu de l’espérance à une simple confiance dans le futur tout en réduisant de façon coupable la charité à l’option pour le pauvres, or la charité, comme le montre Thomas d’Aquin, suivant les enseignements d’Aristote, c’est avant tout  l’amitié avec Dieu. Il importe de noter que le souci de Jean-Marc Ela, pionnier de la théologie africaine de la libération est que la chose soit la même avec l’Amérique latine où était né en premier lieu le courant libéral de la théologie : la théologie de la libération avec le prêtre péruvien Gustavo GUTIERREZ (1928-2024).

Dans son ouvrage : Le cri de l’homme africain, ELA affirme : « La connaissance de l’histoire contemporaine des moments de libération peut être stimulant pour les communautés tentées par le fatalisme et la résignation. Ce qui est ici capital, c’est de rappeler qu’à travers cette histoire, l’Esprit de Dieu est à l’œuvre, travaillant intérieurement à la transformation du monde. Dès lors, lire l’Exode, dans l’Afrique d’aujourd’hui, c’est, pour les Églises chrétiennes, se demander comment articuler l’annonce de la foi avec les projets de permettre à des communautés locales de passer de la servitude à la liberté »[8]. Mais il faudra encore bien comprendre ce que signifie liberté ici et qui est le véritable Libérateur, si ce n’est le Christ qui vient nous libérer de la servitude du péché. Toutefois, il est important de comprendre le contexte dans lequel est née et a été développée la théologie africaine pour mieux comprendre ce courant de la libération, qui est né dans un contexte d’indépendances, tout en oubliant pas les richesses des missions mais surtout les notions sur l’ecclésiologie et la Christologie, car la doctrine chrétienne de la libération est éclairée par la norme de la vérité révélée en notre Seigneur Jésus-Christ, et que la pratique véritablement efficace de la charité implique absolument  la puissance de l’ Évangile et de l’Esprit du Christ différent d’un esprit communiste.

II. ÉGLISE ET THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION.

Le Pape Benoît XVI, prenant la parole en 2.007,  à la cinquième conférence des Evêques latino-américains à Aparecida disait ceci, en commentant 2Co 8-9, que « l’option préférentielle pour les pauvres est implicite à la foi christologique au Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, afin de nous enrichir de sa pauvreté»[9]. Et parlant des béatitudes le Seigneur prévient : ‘’Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux’’ (Mt 5, 3),  Ces affirmations sont très importantes ; certes, l’Église est et a toujours été du côté des pauvres, de ceux qui souffrent car la possession des biens matériels est en soi légitime, mais il ne faut pas réduire le salut eschatologique à la libération sociale, faisant du conseil évangélique de la dame pauvreté un mal qu’il faut à tout prix combattre, car elle est et peut être un chemin de sainteté.        Le docteur commun de l’Eglise Saint Thomas d’Aquin montre également que la pauvreté contribue à la perfection mais qu’elle ne constitue un absolu car la perfection peut être acquise principalement dans la charité différente de la charité au sens thomiste et donc catholique du thème.

En effet, l’Église  dans son magistère est intervenue directement ou indirectement pour prendre position face à la complexe théologie de la libération. C’est le cas par exemple de l’encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII ; Syllabus du Pape Pie X, l’encyclique Pacem in Terris de Jean XXIII ou encore Populorum Progressio du Pape Paul VI ; mais les documents les plus déterminants sur ce sujet sont : Libertatis Nuntius (1984) et Libertatis Conscientia (1986) documents publiés par le Cardinal Joseph RATZINGER futur Benoît XVI.                                                                  

En effet, ces deux documents donnent les détails sur les points positifs mais aussi les points négatifs des courants de la théologie de la libération ; il faut d’ailleurs affirmer que même la théologie africaine de la libération n’est qu’un petit courant inspiré de la théologie de la libération telle qu’elle avait été initiée par le théologien péruvien Adolfo Gutierrez décédé il y a quelques mois ; j’ai eu la chance de le lire directement en espagnol.                                                         

La dénommée ‘‘théologie africaine de la libération’’ présente les dangers que nous pouvons synthétiser dans la prise de la vision marxiste de la réalité et de ses principes et sa vision bultmannienne pour parler de notre Seigneur Jésus; le théologien allemand Bultmann (18884-1976) proposa la démystification de la Bible, un processus d’éliminer tous les événements surnaturels narrés dans la Sainte Bible. Et bien que le terme allemand ‘’Entmythologisierung’’ fut introduit par Bultmann, il m’importe cependant de rappeler que ses origines philosophiques peuvent remonter à l’ère de l’ ‘illustration’ au XVIIe siècle en Occident; en cette période, les théologiens développent deux perspectives : la perspective libérale et la perspective orthodoxe qui était plus ou moins fidèle à la tradition : les théologiens libéraux  prétendaient que les événements de la Sainte Bible étaient seulement des mythes et n’avaient aucune véracité historique ; la Bible pour eux n’était même pas infaillible et il appartenait au théologien de discerner la vérité et les mythes de la Bible ; je me s’ils avaient bien étudié l’Archéologie Bibliques ?.

Les principes de la pensée marxiste s’appliquent à l’interprétation de l’Évangile et la pratique pastorale, arrivant ainsi à défigurer notre foi catholique pour une ‘’théologie dite de la libération’’ qui me semble comme une conséquence d’un œcuménisme mal compris et des idées communistes et modernistes. Jésus est considéré exclusivement comme symbole de l’humanité qui lutte pour la libération des pauvres et qui est mort pour la défense des pauvres, l’Église doit prendre part dans la lutte des classes et être une Église essentiellement noire africaine, renée du peuple ; la Foi est réduite à la fidélité du peuple, l’espérance à la confiance dans le futur, la charité quant à elle est réduite à l’option pour les pauvres. Les Sacrements sont ‘‘célébrations d’un peuple noir africain qui lutte pour sa libération’’ et l’eschatologie est remplacée par une société africaine égalitariste, sans classes.

III. ERREURS ET RÉFUTATIONS DE LA ‘’THÉOLOGIE AFRICAINE’’ DE LA LIBÉRATION.

Toutes les erreurs de la ‘‘théologie africaine de la libération’’ se résument en ces trois points :

1. Le Principe herméneutique de la « théologie africaine » de libération.

‘‘Dès lors l’herméneutique s’impose comme passage obligé pour la théologie africaine de la libération, dans le contexte actuel marqué par l’effondrement du socle épistémologique et culturel de la pensée chrétienne. Il s’agit de dire Dieu autrement, d’épurer le discours théologique africain de stéréotypes d’un christianisme moyenâgeux ou d’inspiration coloniale tout en restant à l’écoute des hommes et des femmes du continent noir’’ (Cfr. J.-M. ELA,  Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, pp.55-57).

RÉFUTATION

 L’erreur radicale réside sur ce principe avec lequel les théologiens africains pro libération            forcent d’interpréter le livre de l’Exode, l’Évangile  de notre Seigneur Jésus pour sortir de là une ‘’pratique’’ ; ce principe c’est le matérialisme historique qui nie la priorité de l’être sur ‘‘l’action’’. La libération est avant tout et principalement une libération de l’esclavage radicale du péché ; cette libération de l’Exode ne peut faire référence à une libération de nature principalement et exclusivement politique.  Son objectif est la liberté des fils de Dieu qui en soi est un don de la grâce. Logiquement cette libération du péché nécessite la libération de multiples esclavages d’ordre culturel, social et politique qui, en définitive dérivent du  péché[10]. La ‘‘théologie africaine de la libération’’ s’inspire fondamentalement du Livre d’Exode, mais elle doit savoir que l’Exode constitue l’événement fondamental dans la formation du peuple choisi; mais la signification spécifique de cette libération de l’Exode vient de sa finalité qui est ordonnée à la fondation du Peuple de Dieu et surtout au culte de l’Alliance célébrée au Mont Sinaï. Ainsi donc, cette libération de l’Exode ne peut faire référence à une libération de nature principalement et exclusivement politique ; c’est pourquoi le thème libération dans la Bible peut être parfois remplacé par le terme de rédemption. Et c’est le Christ notre Rédempteur, il est venu nous libérer du péché.     

2. La lutte des classes dans la « théologie africaine » de libération

Que signifie Dieu pour les gens qui sont dans des situations de pauvreté, de sécheresse et de famine d’injustice et d’oppression ? (p.8)  La vocation spécifique des laïcs les place à la tête des taches temporelles les plus variées (p.273).

RÉFUTATION

 L’une des principales erreurs qui, depuis le siècle des Lumières, a profondément marqué le processus de libération, conduit à la conviction largement partagée que le progrès se ferait sur le terrain de la science, de la technologie et de l’économie qui doivent servir de fondement à la conquête de la liberté. Ainsi, la profondeur de cette liberté et ses exigences étaient inconnues.

Cette lutte est une erreur en premier lieu car elle est contraire à la charité ; et il peut y avoir une guerre juste : la légitime défense existe… ; cette lutte des classes est en second lieu une erreur sur  « tout »puisqu’elle se conçoit comme étant quelque chose de nécessaire et constitutif de l’histoire du peuple noir africain, niant ainsi la liberté de la personne et sa capacité pour diriger l’histoire au milieu de cette liberté et comptant sans doute avec la Providence. Et nous savons tous que l’athéisme et la négation de la personne humaine, de sa liberté et de ses droits sont au centre de la conception  marxiste.

L’Église expérimente toujours cette réalité de liberté profonde dans la vie d’une multitude de fidèles, en particulier les plus petits et les pauvres. Par la foi, ils savent qu’ils sont l’objet de l’amour infini de Dieu. Chacun d’eux peut dire : « Je vis par la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20b). Sa dignité est telle qu’aucun des puissants ne peut la lui enlever ; telle est la joie libératrice présente en eux. Ils savent que la parole de Jésus s’adresse aussi à eux : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; Je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15, 15). Cette participation à la connaissance de Dieu est son émancipation des prétentions de domination de ceux qui possèdent la connaissance : « Vous savez toutes choses…et vous n’avez  besoin de personne pour vous  enseigner» (1Jn 2, 20b. 27b.). Ils se sentent aimés de Dieu comme tout le monde et plus que tout le monde. Ils vivent ainsi dans la liberté qui naît de la vérité et de l’amour.[11]

3. Erreurs  sur la Christologie et l’Ecclésiologique

« Faut-il nécessairement l’intervention d’une personne ordonnée pour que les chrétiens, lorsqu’ils se réunissent puissent faire mémoire de Jésus-Christ en partageant le pain et la coupe et donner à leur rencontre une dimension d’Alliance ? » s’interroge Jean-Marc Ela. Les théologiens africains de la libération  soumettent à un nouvel examen le mode de fonctionnement de l’Église, à savoir la relation entre Rome et les Églises d’Afrique. Sous quel mode le service de Pierre ou le pouvoir de Rome, la collégialité ou la curialité convient-il de conjuguer cette relation ?

RÉFUTATION

Saint Jean Chrysostome nous dit : « Ne te sépare point de l’Eglise ; rien n’est plus fort que l’Eglise. Ton espérance, c’est l’Eglise ; ton salut, c’est l’Eglise ; ton refuge, c’est l’Eglise. Elle est plus haute que le ciel et plus large que la terre. Elle ne vieillit jamais, sa vigueur est éternelle. »[12]La ‘’théologie africaine de la libération’’ nie peut être sans s’en rendre compte      les vérités fondamentales sur notre Seigneur Jésus-Christ, l’Eglise, les Sacrements etc… Dans la praxis, elle appelle à soumettre l’Eglise dans une direction politique déterminée, pas seulement une direction politique éloignée de sa mission, mais aussi qui a sa fonte dans une situation humaine déplorable, comme le socialisme ou dans le communisme réel, où la personne ne compte point, et où la dignité de Fils de Dieu n’est pas beaucoup reconnue.

 ‘‘Les exigences de la promotion humaine et d’une libération authentique, seulement se comprennent à partir de la tache évangélisatrice prise dans son ensemble. Cette libération a comme piliers indispensables la vérité sur Jésus-Christ le Sauveur, la vérité sur l’Église, la vérité sur l’Homme et sa dignité. L’Église qui veut être dans le monde l’Église des pauvres, essaie de servir au noble combat pour la vérité et pour la justice, à la lumière des Béatitudes, et avant tout de la béatitude des pauvres de cœur. C’est l’Église Universelle ; l’Église du mystère de l’Incarnation. Elle n’est pas une Église de classe. Elle parle au nom de la Vérité Elle-même. Cette vérité est réaliste. Elle conduit à prendre en compte chaque réalité humaine, toute injustice, chaque tension, chaque lutte’’[13]

CONCLUSIONS

‘‘En disant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la Tête, Christ’’ (Ephésiens 4 : 5) ; le Seigneur unit son Eglise et ne souhaite aucune division sur des critères socio-économiques, ou même raciaux. « Les Apôtres, dit le Pape Léon XIII, se sont conformés à la Parole et aux enseignements du Maître…Ils ont tiré des Livres Saints un grand moyen d’action pour répandre au loin parmi les nations la sagesse chrétienne, vaincre l’opiniâtreté des juifs et étouffer les hérésies naissantes »[14].

L’Évangile de Jésus comme je l’ai dit et montré, est un message et une force de libération par excellence et la véritable libération à laquelle le Christ nous invite  est celle du péché ; le courant libéral de la ‘‘théologie africaine’’ contient en elle des erreurs graves et dangereuses car elle assume l’analyse marxiste de la réalité et des principes, devenant ainsi un véritable communisme en niant inconsciemment les vérités fondamentales de notre Foi catholique. Ainsi comme le disait Pie X : ‘‘Il y a un grand mouvement d’apostasie organisé dans tous les pays pour l’établissement d’une Église Universelle dans laquelle il n’y aura ni Dogmes ni hiérarchie, ni règles pour l’esprit ni frein pour les passions’’ (Cfr. Encyclique Notre Charge Apostolique, 1910.)         

Toutefois, une juste critique de ce courant de ‘‘théologie africaine de la libération’’ ne veut en aucun cas encourager les injustices subies par les peuples africains de la part surtout de leurs dirigeants égoïstes et des puissances impérialistes : communistes et capitalistes. Les erreurs de la théologie africaine se résument dans le principe herméneutique avec lequel elle prétend interpréter l’Évangile : Jésus est considéré exclusivement comme symbole de l’humanité qui lutte pour la libération des pauvres et qui est mort pour la défense des pauvres, l’Église doit prendre part dans la lutte des classes et être une Église essentiellement noire africaine (et Universelle ?), renée du peuple; la Foi est réduite à la fidélité du peuple, l’espérance à la confiance dans le futur, la charité quant à elle est réduite à l’unique option pour les pauvres. Les Sacrements sont ‘‘célébrations d’un peuple noir africain qui lutte pour sa libération’’ : une  claire remise en cause de la distinction entre sacerdoce de tout baptisé et sacerdoce ministériel, puis l’eschatologie est remplacée par une société africaine égalitariste, sans classes.

En réponse à toutes ces erreurs graves, l’Église nous invite à contempler le Christ, Verbe fait Chair (Jean 1, 14) ;  regarder à sa Croix, à sa Mort, sa Résurrection ; bref : à son Mystère pascal où il est pour nous Libérateur par excellence ;  à suivre le Véritable Évangile de notre Seigneur, en transmettant la véritable doctrine de notre foi catholique : ‘‘Tradidi quod et accepti’’1Co 15, 3 ; en d’autres termes : Transmettre ce que l’on a reçu, et non « ses propres idées » comme insiste notre cher Pape François. Nous devons  rejeter les fausses doctrines contraires à la Tradition et au maintien de notre foi catholique, comme nous écrit l’Apôtre Saint Paul : ‘‘Si nous-mêmes, ou un Ange du Ciel vous enseignait un Évangile contraire à celui que nous vous avons enseigné, qu’il soit anathème’’ (Gal 1, 8).                                       

                              Totus Tuus, Maria Lévi KASONGO EJIBA. Octubre 2.024.


[1] Serge-Thomas Bonino O.P., « Autour d’une citation de l’Ambrosiaster dans le Corpus thomasien » in  Revue Thomiste, Toulouse, 2.006, p.1.

[2] J.-M. ELA, « L’Eglise, le monde noir et le Concile », dans Personnalité africaine et catholicisme, Paris, Présence africaine, 1963, p.41.

[3] R. Sarah, Conferencia inaugural Sacra Liturgia, UK., 11-Juillet 2.016, quand il était encore Préfet du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des sacrements.

[4] Augustin, Lettre 177.

[5] J.-M. ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Harmattan, 2003, p.8.

[6] Pour plus d’information, lire : ENGELBERT MZENG, Théologie africaine de la libération, Missions étrangères, pp. 136-137.

[7] NDONGALA MADUKU, « Jean-Marc ELA (1936-2008) ou le bonheur de faire « la théologie sous l’arbre » in Nouvelle Revue  théologique, 2009, pp.557-559.

[8] J.-M. ELA, Le cri de l’Homme africain, Paris, Harmattan, 1980, p.54.

[9] Benedicto XVI, Quinta Conferencia General del CELAM, Aparecida, 2.007. Sans page.

[10] Cfr. J. Ratzinger, Libertatis Nuntius. Algunos aspectos de la teología de la liberación, Roma, 1984, p.1.

[11] Idem, Libertatis Conscientia. Instruction sur la liberté et la libération des chrétiens, Rome, 1986, n. 21.

[12] Jean Chrysostome cité par Léon XIII, Satis Cognitum. Encyclique sur l’Unité de l’Eglise, 29 Juin 1896, p.4.

[13] Idem, Libertatis Nuntius. Algunos aspectos de la teología de la liberación, Roma, 1984, p.17.

[14] Léon XIII, Encyclique Providentissimus Deus, Rome, 18 Novembre 1983, p.4.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *